4.5/5

Maigret une oeuvre  majeure

Le commissaire Jules Maigret est un personnage de fiction, protagoniste et héros de 75 romans policiers et 28 nouvelles de Georges Simenon, publiés entre 1931 et 1972.

Physiquement, Maigret est un homme imposant, large d’épaules, à l’allure bourrue, parfois inquiétante, qui semble prendre son temps pour résoudre une enquête. Amateur de blanquette de veau, aimant le vin et les alcools (à l’exception du champagne), fumeur de pipe invétéré, il aime humer l’atmosphère, s’imprégner des événements, pour « prendre le train » d’une enquête.

Sa technique d’investigation est fondée sur la compréhension de la personnalité des différents protagonistes d’une affaire et de leurs interactions, tout en se laissant guider par son instinct.

Depuis sa création, le personnage et ses romans ont fait et font encore l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles dans des pays francophones et non francophones, les dernières adaptations datant de 2017.

Maigret

La série Maigret avec Bruno Crémer.

Intéressons nous plus particulièrement à celle interprétée par Bruno Cremer de 1991 à 2005. Cette série a été diffusée sur Antenne 2 puis France 2 et présente certains épisodes  ayant adaptées des nouvelles de Georges Simenon où le commissaire n’apparaît pourtant pas (comme la nouvelle Madame Quatre et ses enfants).

En 1990, Antenne 2 prend la décision d’arrêter Les Enquêtes du commissaire Maigret avec Jean Richard. La chaîne explique cette décision parce qu’il ne restait plus assez de romans à adapter. Une dizaine de mois plus tard, Jean Richard apprend par la presse que la chaîne va lancer un nouveau Maigret avec un nouvel acteur. En fait, le producteur Robert Nador (directeur de la société Dune), venait de racheter les droits des romans et nouvelles et avait contacté la chaîne qui voulait rajeunir le personnage. Dans un premier temps c’est l’acteur Julien Guiomar qui est pressenti, cependant étant déjà engagé dans la série policière de TF1 Commissaire Chabert il refuse la proposition. Bruno Cremer est alors approché, après mûre réflexion il s’engage pour une douzaine de téléfilms.

Le producteur situe l’action après guerre, dans les années 50. Afin de réunir le budget nécessaire: 1 million et demi d’euros par épisode, et afin de répondre aux quotas de production française imposés à la fin des années 1980, la première saison de Maigret a été coproduite en 1991 par La Cinq. Cependant, la série ne sera jamais diffusée sur la chaîne, pour cause de dépôt de bilan. Elle est aussi coproduite avec les télévisions tchèque Ceská Televize, belge francophone RTBF, suisse romande TSR, et finnoise Yle TV1. Afin de réduire les coûts, la série est tournée à l’étranger : en Tchécoslovaquie, en Finlande, au Portugal, et en Afrique du sud (« Maigret et le Liberty Bar »).

En 2005, après plus d’une cinquantaine d’épisodes la voix de Bruno Cremer doit être doublée par celle de Vincent Grass dans Maigret et l’étoile du Nord. Atteint d’un grave cancer à la gorge, il décide alors d’arrêter son métier.

Maigret

L’histoire

L’univers du commissaire Maigret se situe principalement en France, entre le début des années 1930, décennie du premier roman, et le début des années 1970, décor du dernier récit.

Le commissaire Maigret étant affecté à la police judiciaire de Paris, c’est bien évidemment la capitale française qui sert de cadre à nombre de ses enquêtes. Le 36, quai des Orfèvres (siège de la PJ, à l’époque) est ainsi le point central d’intrigues qui mènent le commissaire aux quatre coins du Paris d’antan. Néanmoins, son auteur Georges Simenon use de tous les artifices pour faire sortir Maigret de Paris : vacances, requêtes officielles ou privées, tous les prétextes sont bons pour envoyer Maigret du Nord de la France à la Côte d’Azur, de la Bretagne à l’Alsace, voire dans d’autres pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse).

Le commissaire étant un grand amateur de pipe, et de bonne chère en général, les bistrots et brasseries sont un lieu privilégié pour ses enquêtes, où il aime souvent s’imprégner de l’atmosphère ambiante. Il forme un couple très uni avec sa femme.

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Le caractère de Maigret

Maigret est un homme simple, voire ordinaire. Il lui arrive d’être bougon, voire d’humeur maussade, surtout quand son enquête lui donne l’impression de ne pas progresser. Il « n’est pas un ange de patience. » (Le chien jaune). Il aime son métier, l’ambiance du « quai des Orfèvres », la compagnie de ses inspecteurs, qui est comme une seconde famille. S’il n’aime pas trop l’image que l’on donne parfois de lui, un homme pas facile à manier, il peut aussi s’amuser de son personnage, se montrer bougon pour plaisanter, pour être fidèle à ce qu’on pense de lui. C’est un homme physiquement courageux. S’il lui arrive rarement de se battre, il le fait avec énergie, si nécessaire. De même, s’il utilise rarement son revolver, il n’hésite pas si c’est indispensable.

Il s’immerge dans la vie, connaît bien les hommes et se sent surtout à l’aise dans les milieux sociaux modestes (« Il y avait une sorte de sympathie innée entre la fille de salle et le commissaire ». Le Chien jaune). Lui-même un homme simple, peut être mal à l’aise dans les milieux favorisés par la naissance ou la fortune. Une certaine timidité peut le gêner. Simenon n’a pas fait de son personnage un monolithe sans doutes, sans inquiétudes, sans fragilités même.

Pipe en bruyère, matière tirée de la racine de cette plante comme Simenon l’évoque dans La Pipe de Maigret

Dans Maigret se défend, on le voit vaciller sous le coup d’une accusation grave et injuste : « Il resta là un instant, flottant… Un spasme lui serrait la poitrine et, comme un cardiaque, il y porta machinalement la main en s’arrêtant un instant de marcher. Pardon lui avait affirmé que ce n’était rien… Ces crises n’en étaient pas moins angoissantes… Il respirait mal. Son front était couvert de sueur, et il se regarda anxieusement dans le miroir, entre les bouteilles alignées sur l’étagère. » Après avoir avalé du cognac et de la bière pour se réconforter, « tassé dans son fauteuil, accablé, écœuré, sans une ombre de combativité », il bourre une pipe et commence une enquête qui rétablira sa réputation avec éclat.

Il garde une certaine foi en l’humanité. « S’il n’avait pas une haute idée des hommes et de leurs possibilités, il continuait à croire en l’homme ». Cette phrase à la fin de Maigret et les vieillards résume assez bien les sentiments de Maigret pour ses contemporains. Il éprouve dans bien des enquêtes une forme de compassion pour les criminels qu’il arrête. « Pour moi, vous restez un être humain. Ne comprenez-vous pas que c’est justement ce que je cherche à faire jaillir chez vous : la petite étincelle humaine ? ». Quand il obtient les aveux de John T. Arnold qu’il a vu perdre devant lui de minute en minute de son assurance et de son aisance, Maigret pense, comme Simenon, que cet assassin « n’était déjà presque plus qu’un homme, un homme effondré, malheureux, qui avait perdu la partie ». Lapointe, un inspecteur qui travaille avec lui, troublé, voit Maigret quitter son bureau en posant un instant « comme distraitement » la main sur l’épaule de John T. Arnold. (Maigret voyage).

Sa compassion va également aux témoins, aux suspects inquiets, aux chiens maltraités (« Maigret se baissa pour caresser la tête du chien qui lui lança un regard étonné, pas encore reconnaissant », dans Le chien jaune), ainsi qu’aux victimes, bien sûr. « Le directeur et ses collègues le regardaient, surpris de le voir aussi pâle, aussi ému. Quai des Orfèvres, surtout à la Criminelle, ne travaille-t-on pas dans le meurtre quotidiennement? »

Sa devise, souvent évoquée dans ses romans est : « Je ne crois rien ». Il répondra souvent « Je ne pense jamais », ou « je ne déduis jamais » quand on lui demande « Pensez-vous que… ? »

Ses signes distinctifs sont sa pipe et son chapeau, comme son bon sens et son humanité. De même qu’il ne sait pas nager, Maigret ne sait pas conduire (Le Voleur de Maigret) ! Lorsqu’il est pressé par une affaire, il se déplace conduit par un adjoint en Renault 4CV ou en Citroën Traction Avant dans les années 1950 ou en Peugeot 403 dans les années 1960, types de voitures, toujours noires, utilisées par les inspecteurs de police. Il se déplace dans Paris le plus souvent à pied, en taxi ou en autobus, rarement en métro.

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Sa Carrière.

Jules Maigret naît à Saint-Fiacre, dans l’Allier, en 1887 (les années 1884 et 1885 sont également évoquées), ce qui ne l’empêchera pas de n’avoir que 58 ans en 1967. En fait Maigret avait pris sa retraite en 1934, à l’occasion du roman intitulé Maigret et qui aurait dû être le dernier de cette série littéraire.

Dans les romans, il apparaît comme ayant entre 45 et 60 ans. Quand Simenon crée son personnage il lui donne entre 40 et 45 ans et comme il pensait que de toute manière son commissaire devait prendre sa retraite à 55 ans, on peut estimer que le commissaire à la retraite qui apparaît dans le roman Maigret a un peu plus de 55 ans.

Sa mère est sans profession et meurt lors de l’accouchement de son deuxième enfant en 1895. Jules a alors huit ans et restera enfant unique. Son père est régisseur du château de Saint-Fiacre (en fait une représentation du château de Paray-le-Frésil dans lequel Simenon fut en 1922-23 secrétaire du marquis de Tracy). À douze ans Jules est envoyé à Nantes, chez la sœur de son père qui est marié à un boulanger, le couple étant sans enfant. Cinq ans plus tard, en 1904, le père de Jules meurt d’une pleurésie, à l’âge de quarante-quatre ans. Jules reste donc chez sa tante et entreprend à Nantes des études de médecine durant deux ou trois années.

Elle meurt dix ans après son père et, malgré la proposition de son oncle de travailler avec lui dans la boulangerie, Jules décide de partir pour Paris.

Il a vingt-deux ans quand son son voisin de palier, l’inspecteur Jacquemain, lui propose d’entrer dans la police. Il commence comme agent cycliste, puis passe à la surveillance de la voie publique : rues, métro, gares, grands magasins. À ce moment, il aurait pu mettre un nom sur les visages de tous les clochards de Paris. Il est ensuite nommé à la brigade des mœurs, à la brigade mondaine, puis au service des garnis (surveillance des hôtels). En 1912, il se marie avec Louise, une Alsacienne, dont la sœur vit à Colmar et a un fils qui fera une brève carrière dans la police. Toujours en 1912, Maigret entre au commissariat du quartier Saint-Georges, dans le 9e arrondissement de Paris, comme secrétaire. En avril 1913, lors de sa première enquête, il découvre le 36, quai des Orfèvres.

À trente ans, il est nommé inspecteur à la brigade spéciale par le grand patron de la PJ, Xavier Guichard, ancien ami de son père. Il entre définitivement au quai des Orfèvres. Il y devient commissaire, puis commissaire divisionnaire, chef de la brigade spéciale. Dans la plupart des enquêtes, notamment les premières publiées, les « lecteurs le découvrent dans la quarantaine, pesant, massif sous son chapeau melon, (ce qui ne l’empêchera pas quelque temps plus tard de passer au feutre mou), et son gros pardessus noir, la pipe au bec, mains dans les poches. »

À trois ans de la retraite, on lui propose le poste de directeur de la P.J., qu’il refuse. Il prendra sa retraite à Meung-sur-Loire, dans le Loiret.

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Distribution

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Les Vidéos

Voici quelques vidéos de cette magnifique série.

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